Le billet de janvier 2013


Ces derniers temps, des dizaines - et même des centaines - de miliers de personnes sont descendues dans la rue pour proclamer leur opinion sur le mariage, preuve que ce sujet est sensible et important pour beaucoup. Pour les uns, il s'agissait de demander une égalité de droit. Pour les autres, il fallait défendre une vision traditionnelle de la famille. Tous disaient haut et fort que l'intérêt des enfants était d'être élevés par leur deux parents.
Quoi qu'on dise, le clivage entre les deux positions n'est pas celui entre la Gauche et la Droite. Parmi les "pros", tout le monde ne demande pas forcément la même chose. Parmi les "antis", il y a aussi des nuances certaines. Quelques fois, une même personne pencher d'un côté tout en étant de l'autre sur certains aspects.

SOS PAPA, en tant qu'association, n'a pas vocation à s'exprimer sur tout. Son domaine est défini par ses statuts, en l'occurence dans son article 2. En un mot, SOS PAPA se veut le champion de la défense du lien entre un enfants et ses deux parents.
Lors d'une réunion SOS PAPA à Brest, un homme expliquait son combat pour conserver la garde de son fils, dont il avait appris "par hasard" qu'il n'était pas le père biologique. Le même jour, un autre homme racontait qu'il s'était mis en couple avec une femme qui était déjà enceinte et dont il avait reconnu l'enfant à la naissance. Dans l'assistance, il n'a fait de doute à personne que ces deux hommes étaient bien "parents" des enfants que, depuis la naissance, ils avaient aimés, dont ils s'étaient occupés, pour qui ils avaient modifier leurs habitudes de vie, sans même évoquer l'aspect financier.
C'est pourquoi le mot "parent" qui apparaît si souvent dans les statuts de SOS PAPA n'est pas à prendre, selon moi, au sens strictement biologique.

Ces deux hommes, dans leur combat, avaient au moins la chance que leur lien de filiation soit légalement établi. Imaginons que tel n'est pas été le cas. Ils auraient alors été tout simplement inexistants légalement. Ils - et leurs enfants - auraient été à 100% à la merci de la mère, de ses ressentiments ou de ses caprices. Je ne pense pas que cette situation aurait été satisfaisante.
Aujourd'hui, quand un couple homosexuel se sépare, l'un des deux est dans cette situation. Non pas parce qu'il a négligé de revendiquer son lien à l'enfant, mais parce que cela ne lui a pas été permis.
Je pense qu'il faut changer cette situation.

Le lien de parenté est éternel et indissoluble. La loi ne peut pas encourager l'une des parties - l'adulte - à le rompre unilatéralement. Il ne s'agit pas de remplacer un parent par un autre, ni d'en adjoindre un troisième. Il ne fait désormais plus de doute que le mariage va être ouvert, à brève échéance, aux couples de même sexe. Il ne s'agira pas d'un mariage restreint mais du mariage inchangé, permettant aux couples d'adopter.
Il paraît tout aussi inévitable, qu'à échéance guerre plus éloignée, des Juges aux Affaires Familiales soient saisis par deux femmes (plus rarement par deux hommes) pour régler les conséquences de leur séparation sur des enfants envers qui elles seront légalement sur un pied d'égalité. Ces JAF seront alors face à une situation nouvelle puisqu'ils n'auront plus les repères si commodes de la femme/mère victime et dévouée et de l'homme/père violent et égoiste. Il faudra qu'ils réfléchissent sur la question de savoir si l'intérêt d'un enfant, qui a été élevé et aimé par deux personnes durant les premières années de sa vie, est de conserver des relations harmonieuses et équilibrées avec celles-ci. Il sera intéressant d'observer si, dans le cas où l'un des protagonistes est le parent biologique, une préférence lui sera accordée, c'est-à-dire si l'intention du législateur sera baffouée.

Sur ce même sujet, il faut aussi saluer le succès avec lequel le mouvement homosexuel a réussi à promouvoir l'idée de l'homoparentalité dans l'opinion publique alors que nous, nous n'avons pas été capables de faire reconnaître que nous ne devenions pas des parents de seconde zone au jour de la séparation conjugale.
Dans notre monde où les lobbies d'opinion, la mode et les média sont d'un si grand poids, on se mobilise pour qu'un enfant puisse être élevé par deux femmes ou deux hommes, mais pas pour qu'il puisse l'être par ses deux parents s'ils sont séparés.

Philippe Etienne, correspondant SOS PAPA Finistère
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